Stefania Manciana est l’infirmière cheffe de service (ICS) de l’Unité des thérapies innovantes et des Centres interdisciplinaires d’oncologie du CHUV. Elle nous raconte le rôle déterminant joué par le personnel des soins – et en particulier par les infirmier-ère-s référent-e-s de centre – afin d’assurer une prise en charge de qualité.

Quelles sont les particularités que vous appréciez au CHUV?
Je travaille au CHUV depuis 20 ans. J’y ai développé une affection toute particulière pour cette institution qui m’a non seulement permis d’évoluer dans ma carrière personnelle, mais qui est aussi caractérisée par un dynamisme transversal – et par une volonté continue d’améliorer la qualité des soins proposés à nos patient-e-s. Cet esprit d’ouverture à l’innovation et à l’humain donne du sens à mon travail au quotidien. J’ai fait le choix de l’oncologie en connaissance de cause, parce que ce domaine offre au personnel infirmier un bel équilibre entre compétences techniques et relationnelles. Il se caractérise par la capacité à accompagner nos patient-e-s et leurs proches de manière holistique, sur toute la durée de leurs traitements, ainsi qu’à mobiliser une vaste palette de ressources afin de leur apporter le soutien dont ils et elles ont besoin.

Quels sont les points forts du rôle d’infirmier-ère référent-e des centres interdisciplinaires en oncologie?
L’oncologie actuelle ne cesse de se complexifier. Elle implique un grand nombre de partenaires, dont le travail doit s’articuler finement autour de chaque patient-e. Certain-e-s fréquentent notre service sur de longues périodes, parfois des années durant. Les infirmier-ères référent-e-s de centre jouent dans ce cadre un rôle très important dans la prise de contact, le suivi rapproché et la vulgarisation des informations médicales à l’attention des patient-e-s et de leurs familles. Dans un contexte très multidisciplinaire, cette fonction charnière facilite aussi la circulation de l’information.

Au fil des ans, j’ai pu constater à quel point ce rôle a évolué pour devenir un acteur direct des changements qui s’opèrent dans notre pratique clinique. En accumulant de l’expérience sur un type de cancer particulier, ces infirmier-ère-s apportent une réelle plus-value à la coordination des différent-e-s intervenant-e-s. Ils et elles prendront parfois spontanément la place d’un psychologue, parfois celle d’un secrétariat, avant de passer le relai à qui de droit. Comme le résume bien mon collègue Philippe Glemarec, les infirmiers référents tels que lui jouent un peu le rôle de « guide de montagne » pour accompagner les patient-e-s et leur entourage dans ce parcours de soins. Leurs connaissances spécifiques sont très utiles pour effectuer un dépistage précoce des problèmes rencontrés par un-e patient-e et l’adresser aux bonnes personnes. Cela permet aussi de renforcer la participation et l’adhésion des patient-e-s à leur propre parcours thérapeutique.

Depuis quand ce rôle existe-t-il, et quels sont les défis que vous identifiez pour l’avenir?
Le rôle d’infirmier-ère référent-e a été créé en même temps que le Centre du sein du CHUV, officialisé en 2009. Il demeure indispensable de parvenir à créer sa place parmi les multiples intervenant-e-s cliniques en présence. On constate aujourd’hui qu’il s’agit d’un poste essentiel à la bonne marche des centres interdisciplinaires, et que les personnes qui l’occupent deviennent peu à peu de véritables référents dans leurs domaines respectifs – ou autrement dit des «spécialistes métiers», très impliqués dans la formation et le soutien aux équipes de première ligne.

Assurer la reconnaissance de ce travail, dont l’importance est bien comprise par nos patient-e-s, demeure parfois un défi dans le développement de nouveaux projets. Alors que les prises en charge s’allongent et se complexifient, tout comme les besoins de nos patient-e-s et de leurs proches, il importe de s’assurer que ce travail puisse toujours être réalisé dans les meilleures conditions. Nos équipes s’engagent sans compter dans ce sens – et je m’engage aussi personnellement, en tant que cheffe de service, afin que ce travail soit reconnu à sa juste et pleine valeur.