Navigation menu

«Le potentiel thérapeutique de la médecine nucléaire est en plein essor»

Le Prof. Niklaus Schaefer, au bénéfice d’une formation d’oncologue et de médecine nucléaire, pilote en exclusivité romande le traitement PSMA, proposé par le CHUV aux patients atteints de cancers métastatiques de la prostate.

Développée dès les années 1950, la médecine nucléaire mobilise des substances radioactives à de très faibles doses à des fins de diagnostic et de traitement. Associée aux progrès de l’imagerie médicale, ces méthodes permettent d’étudier de façon très ciblée l’image d’une maladie grâce aux rayonnements émis par les substances injectées au patient – appelées radio-traceurs.

Actif depuis 2015 au CHUV, le Prof. Schaefer connait bien les atouts de la médecine nucléaire en matière de diagnostic. Il s’intéresse cependant aussi de très près au potentiel dit « théranostique » de cette approche – c’est-à-dire aux possibilités de combiner les outils existants de diagnostic et d’imagerie à une approche thérapeutique de la médecine nucléaire. Ce champ de recherche clinique s’attèle à cartographier précisément les tissus cancéreux dans le corps tout entier et à les traiter ainsi de manière plus ciblée et adaptée. C’est dans ce cadre que s’inscrit le traitement innovant appelé PSMA – proposé en exclusivité romande au CHUV par le Centre interdisciplinaire de la prostate du CHUV, grâce à l’expertise du Service de médecine nucléaire et d’imagerie moléculaire dirigé par le Prof. John Prior.

Une technique de radiothérapie interne vectorisée
Le traitement PSMA mobilise deux isotopes apparentés: le Gallium-68 PSMA, qui permet l’identification des marqueurs du PSMA – un antigène, qui constitue le marqueur des cancers de la prostate. Le Lutétium-177 PSMA est quant à lui indiqué pour le traitement des adénocarcinomes prostatiques de stade métastatique qui s’avèrent résistants à la castration – le plus souvent après une chimiothérapie ou en cas de contre-indication à la chimiothérapie.

Cette technique de traitement est appelée «radiothérapie interne vectorisée». Au contraire de la « radiothérapie externe », dont les machines projettent un rayon traitant de l’extérieur vers l’intérieur du corps d’un patient, les injections réalisées par intraveineuse à l’aide de tels isotopes radioactifs permettent un traitement à l’intérieur même du corps du patient. L’isotope nucléaire est ainsi associé à des molécules spécialement sélectionnées pour venir se fixer aux cellules tumorales. Il peut alors irradier directement une ou plusieurs tumeurs afin d’y détruire les cellules cancéreuses – se fixant à diverses cibles dans le corps entier plutôt que sur un point unique identifié par l’imagerie.

Quatre cycles de traitements en moyenne
Le protocole PSMA est réalisé en une moyenne de quatre traitements espacés d’environ six semaines. Le produit est administré au patient par voie intraveineuse sous forme liquide. A chaque fois, le patient est isolé pour une durée de trois jours dans une chambre radio-protégée. Francis, 72 ans, bénéficie actuellement de ce traitement et présente un résultat encourageant après un premier cycle d’administration: «Je n’ai ressenti que très peu d’effets secondaires, et l’examen de scintigraphie réalisé après le 2e cycle montre un recul très net de la plupart de mes métastases. Je ne ressens pas de douleurs et j’ai l’impression d’être en bonne santé. Comme lorsqu’on prend l’avion, on fait confiance au pilote – je fais ici pleinement confiance aux médecins du CHUV». Le Prof. Schaefer est enthousiasmé par ce résultat: «Après un premier cycle réalisé en avril 2022, la maladie de M. Francis est pour ainsi dire devenue quasiment indétectable. On ne peut pas encore affirmer qu’elle ait disparu, mais cela montre déjà l’impact encourageant du traitement».

Bernard, 62 ans, envoyé de Sion par son médecin traitant pour débuter un traitement PSMA lui-aussi, exprime le même sentiment de confiance: «Je suis heureux de pouvoir bénéficier de ce traitement innovant – il est important de parler de ces solutions nouvelles qui permettent guérir ou prolonger la vie des patients atteints de cancer de la prostate. En tant qu’ancien sportif professionnel, je suis content de pouvoir participer à cette «course à la guérison» et j’espère pouvoir la remporter. L’une de mes connaissances a suivi ce traitement dernièrement et les résultats ont été spectaculaires».

Un traitement axé sur l'interdisciplinarité
Actuellement, quelque 60 à 80 patients par an bénéficient du traitement PSMA du CHUV, occupant presque à plein temps les quatre lits des trois chambres radio-protégées du service au 12e étage du Bâtiment hospitalier du CHUV. «Nous travaillons de façon complémentaire aux hôpitaux périphériques de Suisse romande, et même parfois en soutien aux HUG – la confiance existante nous permet de prendre en charge leurs patients pour ce segment très particulier du traitement proposé au CHUV uniquement, sans interrompre la relation directe établie entre un médecin et son patient à proximité du lieu de vie de ce dernier. La compétence du CHUV en oncologie s’exprime tout particulièrement sur ces traitements hautement spécialisés», explique le Prof. Schaefer.

Son expertise en médecine nucléaire s’inscrit parfaitement dans le travail axé sur l’interdisciplinarité du Centre de la prostate du CHUV, dirigé par le Dr. Massimo Valerio, Médecin chef au Service d’urologie du CHUV, suppléé par le Dr. Dominik Berthold, oncologue et spécialiste réputé des cancers urologiques (voir l'interview des Dr. Valerio et Berthold). Saluant ce travail interdisciplinaire innovant et exigeant qui fait la marque de fabrique du CHUV, le Prof. Schaefer se félicite enfin des liens renforcés qui se tissent actuellement entre la médecine nucléaire et le Département d’oncologie UNIL CHUV: «Nous pourrons mieux combiner ces approches et les immunothérapies personnalisées à l’avenir – la médecine nucléaire permettant de visualiser les cibles et les obstacles propres à chaque structure tumorale. Le recours à la médecine nucléaire nous permet ainsi de mieux comprendre sur quoi repose l’efficacité – ou l’inefficacité – de chaque traitement, voire de la prédire avant son administration.»

Maladies

Centre de la prostate

Le Centre de la prostate réunit une équipe médicale et infirmière spécialisée dans la prise en charge du cancer de la prostate, pour offrir à chaque patient le meilleur traitement et les soins les plus adaptés à sa situation.

En savoir plus