Pris en charge au sein du Centre des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière du CHUV pour un glioblastome, Stéphane A., quarantenaire actif et dynamique entrepreneur fribourgeois, nous raconte son expérience d’un traitement innovant mobilisant les champs électriques anti-tumoraux afin de prévenir les récidives.
Les glioblastomes sont des tumeurs cérébrales réputées pour leur développement agressif et fulgurant. Relativement rares, ils ont tendance à résister aux traitements disponibles et ainsi induire des rechutes, raisons pour lesquelles ils s’accompagnent malheureusement d’une espérance de vie réduite. La recherche de traitements innovants pour s’attaquer efficacement à ces cancers et à leur risque élevé de récidive revêt donc une importance déterminante pour améliorer le pronostic ainsi que la qualité de vie des patient-e-s concerné-e-s.
Depuis 2021, les neuro-oncologues exerçant sur sol suisse peuvent mobiliser une nouvelle arme prise en charge par les caisses maladies dans cet âpre combat: commercialisé sous le nom d’Optune, un dispositif thérapeutique portable permet en effet d’accompagner les patient-e-s atteints de tumeurs cérébrales dans leur vie quotidienne. Ce dispositif est basé sur l’utilisation de champs électriques anti-tumoraux – appelés Tumor Treating Fields ou TTFields – susceptibles de retarder voire d’empêcher la division des cellules tumorales.
Ceux-ci sont administrés par le biais d’un appareil portable, pouvant être placé dans un petit sac à dos, et de quatre groupes d’électrodes directement placés sur le cuir chevelu. Ces électrodes, nommés arrays, sont remplacés tous les 3 à 4 jours. Les TTFields, par le biais d’une activité électrique de faible intensité, peuvent perturber les mécanismes de mitose – soit la reproduction des cellules tumorales par division. Ce mécanisme entrave ainsi la croissance des tumeurs malignes sans endommager les cellules saines. L’effet indésirable majeur identifié à ce jour dans le cadre des études cliniques et des protocoles actuels de soins tient à l’irritation cutanée légère à modérée que suscite le port quotidien du dispositif.
Un traitement innovant et non-invasif
«Le pronostic de patients atteints de telles tumeurs reste mauvais. Chaque nouvelle thérapie est par conséquent source d’espoir pour les patients et leurs médecins», explique le Dr. Andreas Hottinger, privat-docent et répondant médical du centre des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière du CHUV. Il a contribué à faciliter l’accès de ses patient-e-s à ce traitement de nature non-invasive, qui les accompagnent à leur domicile ainsi que dans leurs loisirs. Ce dispositif préservant l’autonomie des patients est particulièrement pertinent en traitement postopératoire des tumeurs cérébrales chez les adultes.
C’est précisément le parcours qu’a connu Stéphane A., un entrepreneur fribourgeois dynamique de 49 ans, diagnostiqué d’un glioblastome suite à une crise d’épilepsie à l’été dernier. Opéré au mois de septembre 2021 – lors d’une intervention dite «éveillée» afin de pouvoir évaluer ses fonctions cognitives et motrices en continu – ce père de quatre enfants a ensuite suivi un traitement intensif de chimiothérapie en parallèle à 30 séances de radiothérapie ciblée. L’opération avait en effet conduit le Prof. Thomas Daniel Roy et l’équipe du Service de neurochirurgie du CHUV à retirer le maximum possible de la masse tumorale présente dans son cerveau tout en préservant au mieux ses facultés cérébrales de toute séquelle.
La dernière IRM, réalisée en mars 2022, semble démontrer un résultat encourageant. Celui-ci sera confirmé puis réévalué lors d’examens trimestriels, tandis que Stéphane A. poursuit les traitements de chimiothérapie et le port quotidien du dispositif Optune. Des examens radiologiques futurs permettront peut-être également de confirmer cette bonne évolution.
Préserver l’autonomie et la mobilité des patients durant leur rémission
Ces résultats positifs et l’enthousiasme des médecins quant à l’évolution de la maladie sont encourageants pour Stéphane A., dont la nature est résolument optimiste et combative. Mais il n’oublie pas que le risque de récidive demeure élevé avec ce type de tumeur. C’est pourquoi il a saisi sans longue hésitation – en accord avec son épouse, qui le soutient au quotidien dans ce combat – cette possibilité d’améliorer ses chances de survie sur le long terme. «Je voulais me donner tous les moyens de guérir ou de retarder une éventuelle récidive. Il me semblait évident qu’il fallait saisir cette chance afin de mettre de mon côté tous les avantages offerts par la médecine pratiquée en Suisse», explique Stéphane A.
Après un temps d’arrêt lié à la réalisation de l’opération de sa tumeur, puis des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, Stéphane A. a repris à temps partiel son emploi de Directeur dans une société de services. Il se rend désormais au travail, à son rythme, et pratique ses loisirs préférés tels que la marche en famille ou le vélo tout terrain.
D’un côté comme de l’autre, il s’attèle à porter environ 95% du temps, de jour comme de nuit, ses électrodes. La durée de traitement initiale prévue est de deux ans, qui sera réévaluée à terme. Un effort qui représente pour Stéphane A. une maigre concession en comparaison aux étapes difficiles de traitement qu’il a traversé depuis le mois de septembre 2021: «Après quelques semaines de temps d’adaptation, je me suis facilement habitué à porter le dispositif. Il m’accompagne désormais sans problème au quotidien. Il est devenu mon compagnon de route».
Le Centre des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière réunit une équipe médicale et infirmière spécialisée, pour offrir à chaque patient le meilleur traitement et les soins les plus adaptés à sa situation.
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